Le toucher pianistique

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III. Le toucher pianistique dans la littérature


B. Quelques témoignages pris dans la littérature technique

2. Pédagogies privilégiant le travail de l’oreille


Deux pianistes de la même génération : Heinrich Neuhaus et Walter Gieseking s’inscrivent dans une nouvelle tendance de la pédagogie. Après une période de recherche concentrée sur le geste pianistique qui avait commencé à s’élaborer à l’époque de Franz Liszt, l’enseignement axe son discours sur la place et l’importance du travail de l’oreille.


    a) Heinrich Neuhaus

Heinrich Neuhaus (1888-1964) est né dans le sud de la Russie. Il était issu d’une famille de musiciens. Il fut un grand concertiste et un illustre pédagogue. Il compta parmi ses élèves Emil Guilels et Sviatoslav Richter. Son livre : L’Art du piano témoigne de son expérience professionnelle. Sa réflexion se développe sur deux constatations : un interprète doit avoir « du caractère » et une excellente oreille.    

Il évoque d’emblée, dans son introduction la nécessité, pour l’instrumentiste d’anticiper la musique qu’il va interpréter et d’en avoir une représentation mentale extrêmement précise. Ce modèle musical est en quelque sorte la charpente de son interprétation. Les autres qualités auditives sont chargées de vérifier et d’ajuster la sonorité en fonction de cette « image » qui vit déjà musicalement en l’artiste.

Tout le secret du talent consiste à faire vivre pleinement la musique dans le cerveau avant que le doigt ne se pose sur la touche ou que l’archet n’effleure la corde.  [18]


Heinrich Neuhaus répartit sa pédagogie autour de deux axes :

1. La technique dont il dit que « plus le but apparaît clairement (contenu, musique, perfection de l’exécution), plus le moyen de l’atteindre s’impose de lui-même, » confirmant ce qui se disait auparavant : toute technique en dehors d’un contexte musical n’atteint pas son but.

2. L’éducation musicale de l’élève à partir du répertoire pour lui donner les « outils » qui lui permettront d’en dégager une image esthétique par l’analyse ;

    Il évoque très brièvement la notion de talent :

Quelles sont donc les qualités d’un pianiste qui enflamment les cœurs ou plus modestement, les réchauffent, les émeuvent ? Certains disent la patience et le travail, d’autres la souffrance et les privations, et les troisièmes l’abnégation[…] Toutes ces considérations parfaitement valables entrent dans la biographie d’un homme qui a quelque chose à dire aux autres, mais elles font partie du domaine psychologique que je ne veux pas aborder en ce moment.  [19]


Pour Heinrich Neuhaus l’impact d’une interprétation est le fait du désir d’un pianiste à communiquer à d’autres son discours musical. L’auteur emploie le terme de psychologie pour désigner la qualité qui est à la source de ce désir de communication. Son livre est extrêmement précis pour tout ce qui concerne la technique et la culture musicale. Il témoigne également de son rapport avec ses élèves et dit sa conviction qu’un bon enseignement repose sur une connaissance qui mène à l’action. L’Art du piano est traversé par la nécessité, pour l’auteur de faire du métier de pianiste, une profession dont l’action est noble et responsable.




18 Neuhaus Heinrich, L’art du piano, Luynes, Van de Velde, 1971, p.11.

19 Ibid., p.31.


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