Le toucher pianistique

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II. LE TOUCHER ET LA TECHNIQUE


B. Origine et évolution de la technique du piano

1. Première période : naissance de la technique du piano


La technique et le piano partagent une histoire qui évolua parallèlement aux découvertes réalisées dans le domaine de la facture instrumentale du piano et des innovations en matière d’écriture musicale. Elle est le résultat d’une concertation entre les membres d’une triade efficace : le facteur de piano — le compositeur — le pianiste.


Il semble qu’il y ait, au départ, peu de différence entre la technique du clavecin et celle des premiers pianos. Le répertoire était commun aux deux instruments, et les principes techniques restaient identiques à ceux du clavecin : légèreté, immobilité des bras, et souplesse. L’attaque se réalisait à partir de l’articulation du doigt et il était déconseillé d’employer le pouce sur les touches noires.

Dans un chapitre précédent, nous avons vu que le pianoforte avait mis près d’un siècle pour s’imposer. C’est le temps qu’il lui fallut pour accéder à son individualité et conséquemment à la constitution d’un répertoire. Le pianoforte en s’émancipant de la dénomination collective d’instrument à clavier, créa la nécessité d’élaborer une technique qui lui soit spécifique.


C’est en 1803 que Muzio Clementi publie l’Introduction à l’art de toucher le pianoforte. Il reprend dans son titre la formulation que François Couperin avait choisi dans L’art de toucher le clavecin (1717). Avant d’évoquer le travail de Muzio Clementi, revenons sur les conceptions du toucher à l’époque de François Couperin. « Toucher le clavecin » est tout simplement le terme utilisé pour désigner le fait d’en jouer :

La modestie de quelques-uns des plus habiles Maîtres de Clavecin qui sans répugnance m’ont fait l’honneur à différentes fois de venir me consulter sur la manière, et le goust de toucher mes pieces me fait espérer que Paris, la Province, et les Etrangers, qui tous les ont reçues favorablement, me Sçauront gré de leur donner une méthode sure, pour les bien executer.

Il faut que la petite note perduë d’un port-de-voix, ou d’un coulé, frape avec l’harmonie : c’est à dire dans le tems qu’on devroit toucher la note de valeur qui la suit. [5]


Le recueil traite des généralités sur l’étude du clavecin et quelques conseils sur la façon de se tenir au clavecin :

Il est mieux, et plus séant de ne point marquer la mesure de la Teste, du corps, n’y des pieds. Il faut avoir un air aisé à son clavecin : sans fixer trop la vue sur quelque objet, ny L’auoir trop vague : enfin regarder la compagnie, s’il s’en trouve, comme ay on n’étoit point occupé d’ailleurs.  [6]


Les conseils de François Couperin s’inscrivent dans une pratique courante aux XVIIe et XVIIIe siècles. Celle-ci consistait à évoquer, par l’attitude du corps, une certaine aisance conforme aux règles de la bienséance. On préconisait également l’utilisation d’un miroir à poser sur le pupitre du clavecin pour corriger les éventuelles grimaces.

La part la plus importante de l’ouvrage de François Couperin est consacrée à l’exécution des différents ornements. Les remarques d’ordre technique ne sont pas nombreuses. La mécanique du clavecin étant légère, la recommandation principale est la souplesse dans les différents gestes. Quelques conseils sont donnés aux hommes qui doivent veiller, s’ils veulent atteindre un niveau de perfectionnement au clavecin, d’interdire à leurs mains des travaux pénibles.


Le toucher, en tant qu’expressivité du jeu n’est évoqué qu’une seule fois dans tout l’ouvrage et rapidement, en quelques lignes :

La Douceur du Toucher dépend encore de tenir ses doigts le plus près des touches qu’il est possible. Il est sensé de croire (L’expérience à part) qu’une main qui tombe de hault donne un coup plus sec, que sy elle touchoit de près ; et que la plume tire un son plus dur de la corde. [7]


La publication de Muzio Clementini est l’un des premiers ouvrages pédagogiques spécifique au piano et Muzio Clementini est souvent considéré comme le « père » de la technique pianistique. Il demandait une parfaite égalité des cinq doigts, un poignet horizontal, une main immobile et une attaque des notes réalisée par des doigts courbés et levés très haut. [8]

- À sa suite s’ouvre toute une période de réflexion et de recherches se regroupant autour de plusieurs points :

- L’égalité et l’indépendance des doigts (c’est un point qui reste commun avec la technique du clavecin) ;

- Les déplacements sur le clavier ;

- Le passage du pouce dans les gammes et arpèges (le pouce était rarement utilisé dans la technique ancienne du clavecin)

- Les extensions (les touches du pianoforte sont plus larges que celles du clavecin. La main du pianiste travaille, sous forme d’extensions, les intervalles à réaliser sur le clavier.)

- Le jeu des pédales.





5 Couperin François, L’art de toucher le clavecin, Leipzig, Breitkopf & Härtel, 1933, p. 10  et 17.

6 Couperin François, L’art de toucher le clavecin, Leipzig, Breitkopf & Härtel, 1933, p.11.

7 Ibid., p 12.

8 site internet, Clementi, www.cs.bsu.edu.


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